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A propos des CNEP et de leurs signes

Les Crises Non Epileptiques Psychogènes ou CNEP peuvent être appelées de différentes manières : crises fonctionnelles, troubles dissociatifs, somatisation, quelquefois on parle également de « crises de spasmophilie »... Il est difficile de s'y retrouver parmi ces appellations, mais elles correspondent en fait toutes aux mêmes signes (ou symptômes).

Le terme de crise non épileptique psychogène est celui adopté par la communauté médicale internationale. Les CNEP peuvent toucher des enfants, des adolescents mais aussi des adultes.

Une CNEP : qu’est-ce que c’est ?

Quand une personne a une CNEP, elle perçoit tout d'un coup différemment son environnement, c'est à dire ce qu'elle voit, ce qu'elle entend, ce qu'elle ressent. Elle ne contrôle plus son corps de la même manière. Quelquefois, les personnes autour d'elle peuvent remarquer un changement dans sa façon de se comporter.

Voici quelques exemples de ce que peut ressentir une personne au moment d'une CNEP:

Crises psychogènes non épileptiques et crises d’épilepsie : quelle différence ?

Les CNEP peuvent ressembler à des crises d’épilepsie mais il y a des différences importantes. Il est important de bien distinguer les deux car les traitements ne sont pas les mêmes.

Le cerveau travaille normalement en envoyant des messages électriques le long des fibres nerveuses. Dans les crises d’épilepsie, le cerveau envoie un message électrique anormal et c’est ce message anormal qui est responsable des modifications de comportement pendant la crise d’épilepsie. Durant les CNEP par contre, le cerveau n’envoie pas de message électrique anormal. Ainsi, les CNEP n’ont pas la même origine que les crises d’épilepsie: leur origine est souvent en lien avec nos émotions.

Les médecins peuvent s'aider de l'électroencéphalogramme (EEG), un examen qui enregistre l'activité électrique du cerveau et peut être utile pour différencier les crises d'épilepsie et les crises psychogènes.

Pourquoi certaines personnes font des CNEP?

Les CNEP correspondent à la réponse du cerveau à des informations qui viennent de la personne elle-même (les stimuli intérieurs) ou de son environnement (les stimuli extérieurs). Les stimuli intérieurs correspondent aux pensées, souvenirs, émotions ou sensations. Les stimuli extérieurs correspondent aux situations difficiles comme des scènes, des bruits, des odeurs qui rappellent au cerveau des moments douloureux du passé.

Quelquefois cela arrive quand la personne est stressée. Mais cela peut arriver même lorsque la personne se sent calme et reposée. Dans la plupart des cas, la personne ne sait pas pourquoi ces manifestations surviennent.

Les jeunes et leur famille ont souvent du mal à croire que des manifestations aussi impressionnantes que les CNEP puissent arriver sans cause visible sur une image du cerveau. Pourtant il est bien connu que les émotions peuvent entraîner des réactions de notre corps. Par exemple, tout le monde a vécu l’expérience de rougir en public lors d’une situation embarrassante ou d’avoir le cœur qui s’emballe lors d’un examen. Les CNEP correspondent à une réponse de notre corps à une situation trop stressante ou trop difficile à surmonter.

Il faut savoir que certaines personnes ont à la fois des crises d’épilepsie et des CNEP : cela n’est pas rare. C'est ton médecin qui pourra te dire si tes crises correspondent à des crises psychogènes ou à des crises d'épilepsie.

Pourquoi ça m’arrive ?

Il n’y a pas une seule cause aux CNEP. Tu as peut-être lu ou entendu que les CNEP sont liées à un événement difficile du passé. En fait beaucoup de jeunes qui ont des CNEP n’ont jamais vécu de traumatisme important avant de développer ces symptômes.

Quelquefois, les CNEP surviennent lorsque les jeunes se fixent des objectifs difficiles à atteindre, lorsqu'ils ont du mal à répondre aux attentes de leurs proches ou même à faire des choix. Des études scientifiques ont montré que le stress et la pression scolaire sont la première cause de CNEP chez les enfants et les adolescents. D’autres évènements peuvent également favoriser les CNEP, par exemple les séparations et les conflits familiaux, la perte d’un membre de la famille ou d’un ami, une maladie ou une hospitalisation, un mal être, un sentiment de rejet, un harcèlement,… Parfois les CNEP semblent aider les personnes à gérer les émotions et le stress qu’elles ont du mal à surmonter.

Il arrive que les jeunes aient des CNEP toujours au même endroit (par exemple uniquement à l’école). Quand c’est le cas, cela permet souvent de mieux comprendre ce qui déclenche les CNEP et aide à mettre en place un soutien adapté.

Est-ce qu’il y a d’autres personnes qui ont des CNEP ?



Oui ! Chez les adultes, il y a 15 à 30 personnes sur 1 000 000 qui ont des CNEP. Près de la moitié des personnes amenées à l’hôpital pour une suspicion de crises d’épilepsie ont en fait des CNEP. Nous ne savons pas exactement combien d'enfants ont des CNEP mais il y en a sans doute autant de CNEP chez l’enfant que chez l’adulte.

Est-ce que ça peut aller mieux ?

Oui ! Les jeunes qui ont des CNEP peuvent retrouver une vie normale et ils ont plus de chance que les adultes de ne plus avoir de CNEP dans le futur.

Les CNEP s’améliorent souvent quand le diagnostic est annoncé et bien expliqué, et quand les jeunes et leur famille essaient de trouver la cause des CNEP. Il est parfois nécessaire d'être accompagné par un professionnel pour aller mieux.

Les CNEP, comment ça se soigne ?

Les CNEP correspondent à quelque chose que le cerveau a appris à faire - un peu comme tendre les bras en avant pour protéger son visage quand on tombe. Il n’y a pas de médicaments pour arrêter les CNEP. Mais tu peux apprendre à reconnaître les situations qui peuvent les provoquer. Tu peux aussi apprendre à reconnaître le premier signe de la CNEP pour te donner plus de temps pour arriver à l’arrêter. Certaines personnes arrivent à contrôler leurs CNEP en changeant leur façon de respirer ou en se concentrant sur autre chose.

Toutes ces actions ont pour but d’aider le cerveau à « désapprendre » à avoir des CNEP. Ces techniques peuvent s’apprendre lors de séances avec un professionnel, par exemple un psychologue ou un pédopsychiatre. Il y a plusieurs types de suivis efficaces comme par exemple les thérapies cognitives et comportementales (TCC). Si les CNEP surviennent dans un contexte d’anxiété, de dépression ou d’autres problèmes, un suivi psychologique permet de réduire ces problèmes et favorise la diminution des CNEP.



Il est important de savoir qu'une psychothérapie n’est pas une solution rapide mais que cela peut prendre du temps ! Comme toute activité, la psychothérapie nécessite de faire des exercices, qui sont souvent faciles au début et peuvent devenir plus difficiles ensuite. Mais ça vaut la peine de persévérer car grâce à la psychothérapie, les jeunes observent souvent une diminution des CNEP et une amélioration de leur qualité de vie !

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